Aeonium Leucoblepharum

L’Aeonium leucoblepharum fait figure d’original dans la grande tribu des Aeoniums. C’est l’une des deux seules espèces issues d’Afrique de l’est, où il en existe différentes formes selon le pays d’origine. Il forme ainsi un petit arbuste compact, en général de 70-80 cm de haut, voire un peu plus, particulièrement décoratif par ses rosettes de feuilles d’aspect géométrique très graphique. Ces feuilles sont vertes ornée d’une strie rougeâtre médiane, et peuvent virer au rose ou s’ornementer d’une marge orangée selon les souches. Originaire des forêts d’altitude, c’est l’un des rares Aeoniums à bien pousser à la mi-ombre et même à craindre le soleil direct d’été en climat méditerranéen ! Très peu rustique, il peut facilement se cultiver en pot partout en France.

Les Aeonium sont des plantes succulentes de la famille des Crassulacées, qui compte environ 1500 espèces, dont de nombreuses à intérêt ornemental. Tout le monde connait les populaires Kalanchoes avec leurs bouquets de fleurs vives qui égaient nos intérieurs, ou les Echeverias qui ont fait les grandes heures de la mosaïculture, tandis que les Sedums sont indispensables en végétalisation de toiture… On pourrait aussi citer les sympathiques Joubarbes, ou Sempervivum, qui font partie de notre flore spontanée malgré leur petit air exotique, et bien d’autre encore. 
Les Aeonium ont un air de famille qui permet de facilement les identifier, en tant que genre en tous cas, pour ce qui est de l’espèce ou de la variété, c’est déjà moins facile. Et dans le cas de l’Aeonium leucoblepharum, c’est encore moins évident, car il existe différentes souches selon la provenance géographique de la plante-mère. Contrairement à la plupart des espèces indigènes des Iles Canaries, celle-ci est l’une des deux seules vivant en Afrique de l’est. On la trouve en effet dans des pays comme l’Ethiopie, le Yemen, la Somalie ou le Kenya, où elle pousse en régions montagneuses et forestière à moyenne altitude (1500 à 3500 mètres). Cette diversité d’origine se traduit par des morphologies variables, tant au niveau du port, pouvant varier de 50 cm à deux mètres de haut, plus ou moins érigé ou plutôt retombant, voir légèrement rampant, que des couleurs du feuillage.
Selon la souche d’origine, les feuilles de cette succulente ramifiée, organisées en rosettes (imbrication de feuilles à l’aspect très décoratif), présentent une extrémité plus ou moins acuminée, et des couleurs variables. Elles peuvent être à dominante verte ou jaune-vert, puis virer au rose ensuite, ou s’orner d’orangé, avec quasiment dans tous les cas une ligne médiane rougeâtre. Les feuilles peuvent être relativement grandes, jusqu’à 12 cm de long par 3,5 cm de large, et sont extrémement décorative par la juxtaposition de couleurs. Cet Aeonium produit aussi des petites fleurs décoratives, d’environ 1,5 cm de diamètre, réunies en inflorescences de couleur jaune, voire rougeâtre.

Une autre originalité de Aeonium leucoblepharum tient à son milieu d’origine, qui lui permet de supporter une certaine humidité atmosphérique et même apprécier de recevoir quelques arrosages réguliers en été. En méditerranée où le soleil est brûlant, on évitera d’ailleurs de l’exposer directement, mieux vaudra le placer à mi-ombre. Assez compact en culture, il acceptera facilement être cultivé en pot partout en France, pour pouvoir le rentrer dans une pièce hors-gel en hiver.

Les Aeonium sont des plantes de choix pour les amateurs de succulente et cette espèce colorée les ravira de son feuillage géométrique au dessin très graphique. Planté en pot, il s’intégrera parfaitement dans un environnement contemporain, et dans les climats suffisamment doux pour l’accueillir en pleine terre, comme sur la Côte d’Azur, il constituera un centre d’intérêt dans un jardin sec. Associez-le à d’autres plantes typées « desert » et s’illustrant aussi par leur géométrie particulière, telles que l’ Opuntia microdasys, aux petites raquettes gris-vert ponctuées de coussinet blanchâtres d’épines. La sculpturale Agave victoriae reginae à la géométrie parfaite sera aussi une excellente compagne, tout comme le Cylindropuntia imbricata, qui contrairement aux autres est lui très résistant au froid et surtout remarquable par son port graphique unique, grâce à ses « branches » ramifiées, des segments cylindriques bien différent visuellement des raquettes classiques des Opuntias.